jeudi 29 janvier 2009

Prier



Je ne sais pas prier..
Prier , ça veut dire quoi ?
Demander?
Supplier?
Négocier?
Remercier?

Quoi?
Qui?

L'invisible,
L'inaudible,
L'impalpable,
L'insaisissable...?



Je ne sais pas prier
Mais
Je suis capable
De m'asseoir
De me taire
De contempler...



Peut-être que ça suffit
Peut-être que c'est juste ça
Prier...

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mercredi 28 janvier 2009

Dieu

Dieu
C'est dans le bois
Que je le vois le mieux



Je Le respire
Je marche dessus



Je Le vois
Dans une fleur de glace
Une fleur de bois



Il me sourit
Dans la lumière
Qui baigne
L'étang gelé




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mercredi 21 janvier 2009

La joie des saints !



"Tristesse - la fatigue qui entre dans l'âme.
Fatigue - la tristesse qui entre dans la chair.
...
Vos enfants ignorent cette fatigue
Il semble qu'elle ne vienne en vous qu'avec l'âge,
nouée au chagrin comme le lierre à son arbre.



Nos saints ne font pas de miracles.
Ils ne marchent pas sur le feu
Ils ne commandent pas aux montagnes.
ils ne tutoient pas le vent.
Nos saints font mieux,
bien mieux que des miracles :
Ils guérissent du chagrin,
effacent toute lassitude.

Nous venons boire la joie limpide
dans le creux de leurs mains..."
Christian Bobin, La présence pure

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dimanche 18 janvier 2009

Illuminer



"La seule façon de mieux illuminer le dedans consiste
à s'asseoir délibérément dans nos ténèbres intérieures"

Guy Finley, "Lâcher prise"
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samedi 17 janvier 2009

Comment Emily Dickinson devint poète...



"...le ciel au dessus d'Amherst devient noir comme à la mort du Christ. Un orage éclate alors qu'une calèche traverse un bois de pins. Les éclairs fusillent les arbres, les diables du déluge mitraillent le toit de la calèche, contrainte de s'arrêter. A l'intérieur se trouve la petite Emily, deux ans et demi, que sa mère, sur le point d'accoucher de Vinnie, vient d'envoyer pour un mois chez la tante Lavinia.
L'enfant fixe l'apocalypse, supplie sa tante: "Ramène moi chez ma mère, ramène-moi chez ma mère."
Les soldats agonisants appellent ainsi et personne ne leur répond.
Personne ne répond non plus à la petite guerrière de deux ans et demi égarée sur le champs de bataille du monde.
Soudain, rencognée sur la banquette de cuir, surnaturellement , elle se tait.

"Si vous n'avalez pas votre mort et votre peur d'un seul coup, vous ne ferez jamais rien de bon." dit Thérèse d'Avila.

C'est ce que vient de faire l'abandonnée : la terreur des tonnes d'eau, l'irréparable silence de la mère, elle vient d'avaler ça d'un coup.
les diables s'en vont ailleurs donner du poing, le ciel brille admirablement, le voyage peut reprendre. "
Extrait de "La dame blanche" de Christian Bobin
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vendredi 9 janvier 2009

La samaritaine va à la fontaine, taine...


Elle est venue à midi.
A midi, il n'y a personne au puits.
Elle a l'habitude de se faire discrète, très discrète...
Sa vie, il n'y a pas de quoi en être fière, 5 maris plus celui qui est dans son lit maintenant et qui ne vaut pas mieux que les autres. Oui, elle a intérêt à raser les murs pour aller chercher l'eau au puits..
A peine, elle a commencé à puiser qu'il s'amène.
Seigneur, un juif ! Il ne manquait plus que ça !
Un juif , tout ce qu'on évite en Samarie si on ne veut pas avoir des ennuis...
Enfin, en principe, si tout va bien , il se contentera de l'ignorer.

Et puis voici qu'il parle : "Donne moi à boire..."
C'est à moi qu'il parle ? Moi , l'impure ! Donner de l'eau du puits de Jacob à un juif !

Oui , femme...c'est à toi que je parle
Je sais que tu es samaritaine et ta réputation de femme facile te précède mais donne moi de l'eau quand même...
Donne moi de l'eau parce qu'une femme est une femme ,fût-elle de Samarie, elle habite la même terre que moi et ma parole ignore les stupides frontières.
Donne moi de l'eau de ce puits, fût-il construit par tes ancêtres, parce que l'eau coule pour tous les hommes de la terre.
Donne moi de l'eau même si tu as eu 5 maris parce que je ne veux pas te juger sans savoir , parce que je sais que ,comme tous les hommes et toutes les femmes, c'est l'amour que tu as cherché désespérément.
Donne moi de l'eau et souris-moi...je viens de te donner de l'eau vive
L'eau vive de l'amour, de la fraternité
Et en toi, elle coulera toujours...

mercredi 7 janvier 2009

Vue sur la mer



Vue sur la mer


Deux colombes se font la guerre
Sous la tonnelle bruissement d’ailes
Colombes qui étaient naguère comme des jumelles

Deux oiseaux d’mauvaise augure
Lourds de menaces face contre face
Se lamentent pour un mur se déchirent pour une place

Deux cousins se font la chasse
Visent les yeux dénient les cieux
Deux gamins de la même race du même lieu

Oh pour quel dieu
Pour quel bout de désert
Pour quel lopin de terre
Où vont toutes nos prières
Oh pour quel dieu
Quel amour improbable
Pour quelle vue sur la mer

Un caïn qui tue la chance d’avoir un frère un partenaire
Un abel qui crie vengeance jusqu’à
Souiller sa propre terre
Deux colombes se convoitent un territoire un toit de tôle
Colombes ivres d’indépendance en confondant les rôles

Oh pour quel dieu
Pour quel bout de désert
Pour quel lopin de terre

Véronique Sanson-Christian Terzian



Photos Agence France -Presse
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